Alain Fraval / Peintures / Paysages ?


Récits-paysages
AFPD, 1997

Le gardien du Mont-Royal

À Montréal, le Mont-Royal est l’âme de la ville plutôt que son poumon. A la croisée des regards, le Mont veille sur la capitale du Québec. Depuis le Belvédère, le regard embrasse la ville immense qui se cristallise en une myriade centrale de gratte-ciel, se découvre au sud au-delà du Saint-Laurent et rejoint Laval et les Laurentides au nord. Depuis l’interminable rue Sainte-Catherine et de bien d’autres artères, la montagne boisée constitue le repère essentiel du paysage des Montréalais.

C’est sur cette montagne emblématique que l’architecte-paysagiste américain Frédéric Law Olmstedt fut chargé de mettre en place un parc public inauguré en 1876, mais jamais terminé. Sa mission était de créer une nature régénératrice pour la ville industrielle en expansion comme le faisait à l’époque Edouard André à Paris, une nature thérapeutique à découvrir selon une savante mise en scène aujourd’hui conservée dans le chemin Olmstedt.

Depuis le monument à Georges-Etienne Cartier et son esplanade, haut lieu de rassemblements populaires au pied de la montagne surmontée de sa croix monumentale, le chemin s’enfonce dans la forêt, sombre, fragile et érodable et rejoint l’Escarpement, là où la montagne abrupte est la plus sensible.

À portée de main, les luxueuses résidences de Redpath et les sages allées qui serpentent à travers les boisements grouillants d’écureuils jusqu’au lac des Castors et à son restaurant, puis s’évasent en clairières-parkings géants. Au sommet du Mont, le Belvédère, le Grand Chalet et les tours de communication. Vers le sud, les cimetières qui à l’origine étaient de véritables lieux de promenade.

Le Mont-Royal, animé par le Centre de la montagne, est géré comme un équipement public : il supporte de trop nombreuses activités pédagogiques, sportives et culturelles autour du thème de la nature qui pour rester intacte ne peut faire l’économie d’une artificialité intense. Curieusement, les formes de cette nature persistent, à l’aube du troisième millénaire, à rendre hommage au style pittoresque du XIXe siècle comme si Olmsted restait le gardien de l’âme du Mont-Royal.


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