Alain Fraval / Peintures / Paysages ?


Récits-paysages
AFPD, 1997

Le havre des Retours

Au bord de la Charente paresseuse, au pied de la terrasse d’où la ville de Rochefort vient contempler les marais proches, la Corderie royale expose sa splendeur retrouvée. Sur les quais de l’ancien port de guerre, un nouveau jardin : le jardin des Retours, a été inventé par Bernard Lassus, non comme l’écrin de l’ancienne Corderie industrielle, mais comme un havre botanique. À la mémoire des plantes que les botanistes rapportèrent du nouveau et de l’Ancien Monde dans les ports de l’Atlantique : Brest, Nantes, La Rochelle et Bordeaux. À la mémoire de ces voyageurs intrépides dont beaucoup connurent des destinées tragiques.

Déjà quelques plantes sont arrivées avec l’un de ces cargos qui, quotidiennement, remontent et descendent le fleuve en frôlant l’ourlet des roselières envasées. D’Amérique, les tulipiers de Virginie, en un mail serré sur la rampe de la terrasse ; de Chine, le palmier chauve en une rangée austère et solitaire. Mais surtout, et venus du monde entier, des bégonias ont débarqué dans la ville assoupie, par la rue Begon. Ils ne sont pas restés paisiblement dans la serre des collections qui leur était réservée, mais sont parvenus à devenir l’emblème de la cité charentaise.

Ainsi régénérée, la ville, endormie depuis longtemps à l’ombre de son arsenal, est sortie de son sommeil provincial, en s’inventant un nouveau destin horticole. Le long de la Charente, flottent désormais les oriflammes des anciens galions et dans la boucle du fleuve étincellent les serres toutes neuves. L’histoire a fécondé le présent.


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