AFPD, 1997
Alain Fraval / Peintures / Paysages ?
Récits-paysages
AFPD, 1997
Dans celui d’Aristote, cinq cents espèces différentes d’animaux et une biologie naissante ; dans celui de Platon une intelligence divine du cosmos. Pour les Pères de l’Église, plus de nature entre l’homme et Dieu ; du côté de la nature : les animaux sauvages, les fous et les femmes.
En « rendant l’homme, maître et possesseur de la nature », Descartes, Copernic et Newton inaugurent les temps modernes, ceux de la compréhension rationnelle des mécaniques du monde. A Versailles, le pré devient jardin de nature au service du pouvoir royal.
Le pré des voyageurs naturalistes, Tournefort, Linné, Jussieu et Humbolt s’étend à la planète. S’accumulent ainsi les premières archives de la nature dans les cabinets d’histoire naturelle. Buffon tient en horreur la nature sauvage et nocive : les marais doivent être drainés, les forêts aménagées et les campagnes labourées. Alors, s’il faut une nature pour Rousseau, elle sera aimable comme celle du jardin de Julie.
Depuis Darwin, le pré des sciences de la nature est devenu celui des sciences écologiques et de la technonature. Impossible de séparer désormais le naturel de l’artifice. Après Dieu, la nature est-elle morte ? Non, elle renaît, car des menaces surgissent à l’horizon : celle d’un environnement urbain et agricole devenu insidieusement toxique et inhabitable.
Dans les prés d’aujourd’hui, la nouvelle nature est en gestation. C’est le lieu du plaisir, de la sécurité, du bonheur. Un Éden de pureté et de beauté, d’arbres, d’herbes, de fleurs et d’eaux. À regarder comme des paysages idylliques de campagnes, de montagnes et de vallées champêtres ou sauvages. À façonner comme des jardins. Artificiels, ces paysages, ces campagnes et ces jardins ? Certainement. La biodiversité est projet trop sérieux pour être laissé à la seule nature.
« La nature est dans le pré ? Cours y vite, cours y vite. La nature est dans le pré, cours y vite, elle va filer. »
Alain Fraval / Paintings / Landscapes?