Alain Fraval / Peintures / Paysages ?


Récits-paysages
AFPD, 1997

Un salon de jardins

À Chaumont-sur-Loire, le conservatoire international des parcs et jardins et du paysage expose chaque année des créations d’architectes-paysagistes. Français ou étrangers, jeunes ou expérimentés, hommes ou femmes, ils partagent la même conviction : le jardin, si petit soit-il, est une représentation symbolique du monde, une forme qui donne à saisir une vision personnelle de l’artiste.

Dans une partie du parc de Chaumont, le salon a été dessiné par Jacques Wirtz comme un rameau portant vingt-cinq feuilles correspondant à autant de petits jardins expérimentaux. Un aménagement qui provoqua malheureusement la mort de deux chênes majestueux qui mirent longtemps à mourir, si longtemps que les jardins derrière leurs haies se firent discrets et respectueux. Car chacun d’eux racontait une histoire indifférente à l’agonie des deux géants.

On bavarde beaucoup en effet à l’ombre de parapluies noirs, au pied de volières fantomatiques, sous les pergolas habillées d’ipomées, sur le sommet de pyramides, derrière des murs suintants, sous des coupoles tropicales ou à l’abri de clayonnages d’osiers vivants. Chaque création parle sa propre langue : fleurie, critique, politique, ésotérique ou écologique. Chaque réalisation a choisi son registre : illustratif, citatif ou inventif. Le salon offre le spectacle du foisonnement de la créativité paysagiste contemporaine.

Et le public s’y presse, quatre-vingt, cent, puis cent vingt mille visiteurs chaque année. Le Festival des jardins n’est-il pas l’endroit idéal pour « piquer » des idées de jardin ? Chaumont est-il au jardin ce que Courson est aux plantes : Un rendez-vous de professionnels, d’amateurs et de curieux ? Chaumont est-il complémentaire de Courson : sur les bords de la Loire, le rendez-vous des designers et dans l’Essonne celui des passionnés de plantes ?

La différence essentielle entre ces deux salons tient à leur conception du jardin. À Chaumont la création du jardin est ouverte à tous les modes d’expression, des plus académiques aux plus avant-gardistes. À Courson, le bon goût et la distinction souhaitée limitent, naturellement, la créativité à l’univers réel et symbolique de l’horticulture et des jardins « fashionable ». Tout indique aujourd’hui que la société a besoin de ces deux formes de salon, celui où on invente et celui où s’élaborent les modes et se construit le goût. Rien n’exclut que dans quelque temps Chaumont détrône Courson !


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